Les stages
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+ 2 demi-journées en neuro, ORL et audiométrie
J'ai passé mon premier jour (de 8h à 18h avec 45 min de pause) à regarder des bébés (0-1 an) : au début, on est tout attendri (oh zavez vu y m'a fait un zoli souriiiiire !!!) mais rapidement, on s'emmerde ferme (allez, plus qu'une heure et demi avant la pause : on se môtiiive !) et à la fin, on a sa dose (mais qu'est-ce que t'as à brailler comme ça, sale morveux !).
Bon, il y a quand même de bons moments : comme celui où le bout de chou découvre, tout émerveillé... qu'il a une main. Attention, c'est la révélation pour lui ! Alors je ne vous raconte pas quand il se rend compte qu'il en a deux !
Vous l'aurez compris, la conscience de soi n'est qu'à ses balbutiements, et ipso facto, la perception des autres est totalement floue : celui qui peut se déplacer ne se gêne pas pour piétiner le petit camarade qui est sur son chemin quand il veut récupérer un jouet. Et là, forcément, l'autre bébé se met à pleurer, ce qui réveille celui d'à côté, etc., etc., bref, la symphonie en braillements majeurs commence...
Après ça, j'ai passé deux jours chez les moyens (1 an - 2 ans). Bon, c'est déjà un peu plus palpitant vu qu'ils commencent vaguement à marcher et à parler (surtout des choses symboliques comme "bravo" avec des applaudissements). Mais surtout c'est la période d'imitation ! Donner leur un sac à main et un chapeau style bouffon et ils sont heu-reux ! Ils se lancent dans un défilé de mode à faire pâlir Kate Moss et ses petites copines anorexico-piquousées. Il s'amusent aussi avec la présence et l'absence : vous savez, comme dans l'Age de glace où le tigre cache son visage au bébé ? Bah là, c'est pareil et ils ne s'en lassent pas (mais nous, si !!!)! Et vers 18 - 24 mois, il y a cette espèce de pré-crise d'ado où ils expérimentent l'opposition et n'en font qu'à leur tête : Non ! qu'ils vous disent... pourquoi ? ça, c'est pas toujours clair, mais ce qui est sûr c'est que c'est Non !
Chez les grands (2-3 ans), ce qui est sympa, c'est qu'on peut avoir de vrais discussions avec eux et on voit comment ils intègrent la langue : contrairement à ce qu'on peut croire, ce n'est pas par imitation ! Sinon, comment expliquez-vous des fautes de langage comme "j'ai prendu", "au-revoir, je m'en va", etc. ? En fait, l'enfant apprend par un jeu d'essais-erreurs : par exemple, s'il a entendu "j'ai vendu", il va l'adapter à tous les verbes, ce qui donnera le fameux "j'ai prendu" et à force d'essayer des combinaisons et d'être corrigé, il va peu à peu apprendre à parler. Vous verrez qu'ils ont pas mal de difficultés à intégrer le "je" et le "tu": bah oui, quand on leur parle d'eux, on leur dit "tu" alors pourquoi faut-il qu'ils disent "je" ? Ah, les adultes ils sont vraiment pas logiques !
S'il y a une chose que j'aurais retenue de la crèche, c'est que les puéricultrices sont loin d'être de simples nounous. C'est d'ailleurs pour ça que je vous conseille de faire votre stage dans une crèche hospitalière (la crèche du personnel de l'hôpital) parce que le personnel n'est pas choisi à la légère. Vous verrez que les activités proposées aux enfants ne sont pas anodines : par exemple, les comptines font prendre conscience de leur corps aux enfants, leur apprennent la langue ou encore les règles de politesse. J'ai même vu un éducateur de jeunes enfants chanter "Frère Jacques" en Anglais, en Allemand et en Espagnol pour les entraîner à entendre ces langues et à être capables d'en reproduire les phonèmes correctement !
Le personnel ne fait pas non plus de corrélation entre le bien et le beau en disant à l'enfant que son dessin n'est pas comme il faut. Alors que pendant mon stage en école maternelle, la maîtresse avait reproché à un des enfants d'avoir colorié en violet la tête d'un personnage sous prétexte que ce n'était pas réaliste. Etonnez-vous après que les enfants dessinent tous la même chose et ne soient plus capables de réfléchir par eux-mêmes !
J'ai choisi de faire mon stage en école maternelle (grande section) cela dit, vous pouvez aussi choisir le CP, le must étant de faire les deux mais ce n'est pas toujours possible. Ne tardez pas à chercher vos stages, mine de rien, on ne trouve pas facilement de places car les stagiaires IUFM ont la priorité. Certains choisissent de faire le stage d'une traite pour rester dans le bain mais j'ai préféré l'étaler du mois de janvier au mois de juin à raison d'un jour par semaine (l'école laisse le vendredi et une semaine supplémentaire pour faire les stages) : je peux vous dire que l'évolution des enfants est impressionnante. L'écart physique et intellectuel entre un enfant de grande section et un enfant de CP est équivalent au grand canyon !
L'objectif du stage est le même qu'en crèche, à savoir : observer le développement cognitif de l'enfant. Le stage en école est plus long qu'en crèche puisqu'il dure 15 jours (en tous cas à Nancy, parce que dans certaines écoles c'est 10 jours en crèche et 10 jours en maternelle) mais le temps passe largement plus vite. Et puis, même si c'est censé être un stage seulement d'observation, vous participez pas mal.
La journée des enfants commençait par l'accueil : en attendant que tous les enfants soient arrivés, chacun va jouer dans son coin ou en groupe. C'est là que vous pouvez remarquer leur imagination débordante : quelques personnages peuvent devenir une armée, une boîte représentera un bâtiment ou un véhicule. Regardez bien, vous verrez que ça n'a rien d'un simple moment de détente, même si l'enfant n'en est pas véritablement conscient. L'observer en train de jouer vous montre sa relation au monde, comment il perçoit, ressent les choses. Par exemple, notamment avec les jeux de guerre, vous pouvez voir comment un enfant réagit face à un conflit et quelles stratégies il élabore pour le régler. Le jeu lui permet aussi de revivre certaines situations (on parle de répétition de l'expérience) qu'il a vécues ou observées dans son entourage : de cette façon, il revoit ces moments au calme, en a le contrôle et les interprète à sa façon.
Je vous conseille aussi d'observer la manière dont s'investissent les parents dans la scolarité de leur enfant et les conséquences que cela peut avoir, que ce soit au niveau du comportement de l'enfant avec ses camarades et l'instituteur ou au niveau de sa perception de l'école. lpc-et-lsf - futurortho
Vous en apprendrez de belle sur la façon dont certains éduquent leurs enfants : l'un deux - bizarrement le plus turbulent - m'a un jour confié qu'il avait fait des cauchemars toute la nuit. La raison ? Son père lui avait dit de regarder "l'Exorciste" avec lui. Petit rappel : en grande maternelle, les enfants ont 6 ans. Et si vous saviez ce que son grand frère lui faisait regarder... (petit indice : c'est sur internet et il faut pas le dire à papa-maman).
Je me souviens d'une réflexion de mon prof de maths au lycée: quand j'étais petit et que mes parents venaient me chercher à l'école, ils me demandaient toujours "alors, tu as été gentil avec ta maîtresse ?"; aujourd'hui, quand je vais chercher mes enfants à l'école, j'entends les autres parents demander à leurs enfants "alors, elle a été gentille avec toi la maîtresse ?".
Mine de rien, c'est très révélateur de l'état de notre chère société.
Quelques conseils donnés par une de mes profs de psycho :
Veillez à ne pas laisser les enfants s'investir affectivement car vous êtes une personne de passage et la séparation pourra être difficile pour eux (je confirme !). Ne favorisez surtout pas un enfant (même si vous choisissez de focaliser votre observation sur un seul d'entre eux) car ce sera très mal vécu par les autres, et lui-même lorsque vous partirez.
Quand vous arrivez, expliquez dès le début à l'instituteur que vous êtes seulement en première année et que vous n'avez absolument pas les compétences pour diagnostiquer une dyslexie ou tout autre problème orthophonique. En effet, il y a souvent un malentendu à ce niveau, l'instit' pensant que vous pouvez répondre à toutes ses questions. Cela dit, vous pouvez proposer de demander conseil à vos profs.
Si vous voulez prendre des notes, n'oubliez pas de demander la permission à l'instit' : certains sont mal à l'aise parce qu'ils ont l'impression d'être évalués.
Personnellement, je vous conseille de poser des questions sur la vision que les instit' ont de l'orthophonie et des orthophonistes, cela donnera lieu à des discussions très intéressantes.
Comme en première année, je vais essayer de vous parler de mes stages. Je pense faire l'impasse sur ceux de neuro, d'ORL et d'audiométrie (d'une journée chacun) : on reste sur une chaise et on attend que ça passe... je ne vous cache pas que j'ai été un peu déçue.
En revanche, je peux vous parler un peu de mon stage en libéral, bien qu'à cause du secret médical, je ne puisse pas tout vous exposer. Le but sera donc surtout de vous faire savoir ce qui vous attend.
Le stage en libéral à réaliser au cours de la deuxième année est de 50h et doit se dérouler chez un orthophoniste ayant au moins deux ans d'expérience.
Il ne s'agit ici que d'un stage d'observation, mais avec certains praticiens, vous pouvez faire un peu de pratique.
Mon maître de stage m'a même proposé de diriger un test auprès d'un patient : il m'a confié un dossier à potasser et m'a dit que dès que je me sentirai prête, je pourrai le faire passer à un enfant. Inutile de vous préciser que je suis ravie !
Mais je saute les étapes. Avant d'entamer le stage, j'ai eu un petit entretien avec l'orthophoniste pour que nous puissions mieux nous connaître et qu'il m'explique ce que j'aurai à faire. Ses journées sont assez intensives puisqu'il commence à 8h30 et termine à 19h15 : ce sont les mêmes horaires qu'à la fac, mais c'est bien plus crevant surtout qu'il enchaîne les patients sans prendre d'autre pause que celle de midi.
Afin de mettre le patient à l'aise, un stagiaire se met toujours un peu en retrait au début de la séance. Si les choses se passent bien, on s'approche progressivement : certains patients peuvent être très émotifs - ce qui peut parasiter leurs capacités cognitives- et il faut donc veiller à ne pas envahir leur espace. Dans certains cas, mais c'est assez rare, on ne peut pas assister à la séance (enfant en difficulté relationnelle, entretien avec les parents sur des sujets personnels difficiles, patient "ombrageux"...).
Par la suite, on peut être un peu plus impliqué : un patient devait lire une série de questions pour travailler son débit de lecture... ça a été l'occasion pour mon maître de stage de vérifier ma culture (seulement deux fautes, ouf !)
En cours de séance, l'ortho peut évidemment vous interroger sur le trouble du patient... parfois même vous demander d'essayer de trouver ce dont il s'agit. Dans mon cas, l'ortho est très sympa et ne cherche pas à me piéger donc ça se fait en général sans trop de stress : à ce qu'il paraît, je m'en sors plutôt bien (re-ouf !).
Les quelques fois où j'ai pu participer ont été l'occasion de me rendre compte que j'avais du mal à m'adapter à l'âge du patient, notamment en ce qui concerne mon vocabulaire : à une patiente de 9 ans, je me suis présentée en disant simplement que j'étais stagiaire... mot déjà entendu par l'enfant mais dont le sens restait très flou. Je me suis aussi rendu compte que même s'il faut se mettre au niveau d'un enfant lorsqu'on joue avec lui, cela ne signifie pas pour autant le laisser gagner : perdre fait partie de la vie, après tout, et il faut apprendre à l'accepter.
Une particularité de mon maître de stage est qu'il s'agit d'un homme, chose très intéressante dans ce métier : les patients sont en général des enfants qui proviennent de familles monoparentales. Or, dans ce genre de famille, c'est le plus souvent la mère qui est la plus présente : l'enfant se retrouve donc entouré uniquement de figures maternelles : la maman, la maîtresse, la nounou... L'ortho (homme) peut équilibrer les choses, sans évidemment se substituer au père. D'ailleurs, on le remarque tout de suite : les femmes ortho sont généralement très maternelles.