Les orthos dans le monde

 

Plan de la page :

  

Travailler à l'étranger

La reconnaissance des diplômes

Allons-y franco ! (dans les pays francophones)

En Europe

Au Canada

En Afrique

Les orthos dans l'humanitaire

Au Liban

En Afrique

Aux Philippines

 


Quand on m'a dit qu'à l'oral on pouvait me demander quels défauts pouvait avoir l'Orthophonie, je n'en ai trouvé qu'un seul :c 'était de ne pas pouvoir voyager ailleurs que dans un pays non francophone. Heureusement qu'on ne m'a pas posé la question : que les globe trotter se rassurent, on peut cavaler partout dans le monde !
Bon, vous vous en doutez, ya quand même un ou deux "mais" dans l'histoire...

TRAVAILLER A L'ETRANGER


La reconnaissance des diplômes

Une directive de 1991 permet à tout étudiant européen de faire reconnaître son diplôme dans n'importe quel pays de l'Union (plus exactement, l'Europe des 27 + la Suisse). Cependant, une révision de cette directive a été faite spécialement pour les professions comme l'Orthophonie: elle stipule qu'il faut maîtriser la langue du pays (d'un autre côté, on pouvait s'y attendre !).

Mais comment évalue-t-on la maîtrise de la langue ? Bah ça justement, le ministère de la santé est en train de l'étudier. En tout cas, pour l'instant, il faut passer un entretien avec un inspecteur de la DDASS.

Et pourquoi faire reconnaître son diplôme ? me direz-vous. Parce que dans les années 80, les institutions européennes ont abandonné l'idée d'une harmonisation par le haut... kékèdil'ôt? Par exemple, il est impossible de mettre en place une formation européenne de médecins parce que ce serait un bazar monstre. Il a donc été décidé que les pays s'arrangeraient entre eux pour la reconnaissance des diplômes... ce qui donne un bazar monstre à petite échelle.

Et les orthos qui veulent s'installer à l'étranger mais ne soigner que des francophones ?
Le problème quand on veut généraliser, c'est que justement, on n'étudie pas les choses au cas par cas, c'est déjà suffisamment la pagaille comme ça. Pour l'instant, en tous cas, la réglementation européenne est valable pour tous. Donc vous devez quand même obtenir la reconnaissance du diplôme et après, si vous voulez la jouer sectaire, libre à vous !

Sachez aussi que même si votre diplôme est reconnu, la population locale ne viendra pas spontanément chez un ortho étranger. Preuve en est la petite histoire d'un ortho ayant patienté 2 ans pour que son diplôme soit reconnu en Italie, pays dont il était originaire : au bout d'un an, malgré son nom à forte consonance italienne, il n'avait que... 4 patients !
D'ailleurs, à Monaco (qui fait administrativement partie de la France), il y a peu d'ortho qui viennent s'installer car, attention ! Chasse gardée !

Allons-y franco !

Si vous ne vous sentez pas capables d'exercer dans un pays non francophone, vous avez quand même le choix : la Belgique et la Suisse romande, sans oublier les pays francophones extérieurs à l'UE...

Du fait de l'absence de concours, les étudiants français se sont précipités en Belgique, si bien qu'au bout d'un moment, les écoles belges se sont retrouvées avec 70% d'étudiants français !
Au début, la Belgique s'en est accommodée car ça représentait un apport économique (c'est que ça dort et que ça mange ces étudiants-là !) et que les écoles reçoivent des subventions par capitation (suivant le nombre d'étudiants).
Mais à partir de 1995, la combine a commencé à se faire connaître en France et il y a eu une inflation de la demande de la part des étudiants français (idem pour les vétérinaires, les kiné, etc. bref, tous ceux qui doivent passer des concours en France). Tout ce petit monde a fait chuter la qualité pédagogique de la Belgique car il n'y avait pas suffisamment de terrains de stage pour accueillir la masse des étudiants. En plus, la Belgique se retrouvait à payer la formation de praticiens qui, dès qu'ils avaient leur diplôme en poche, retournaient en France.
La France, elle, n'avait pas à débourser un sou et se contentait de reconnaître les diplômes belges sous réserve d'un stage de compensation (en Belgique, à cause de l'insuffisance des terrains de stages, les étudiants ne font que 650 heures de stage contre 1200 en France et ne peuvent donc pas voir toutes les pathologies), ce qui, au bout du compte, rajoutait un an aux études belges (qui sont de 3 ans). Bref, la France avait tout bénef dans l'histoire puisqu'elle était et est encore en pleine pénurie d'orthos.
Au bout d'un moment, vous vous doutez bien que la Belgique en a eu ras-le-bol de frites (désolée, c'est pathologique, fallait que je sorte une vanne pourrie) et comme les directives (lois européennes) le permettent, elle a décidé de mettre en place un quota d'étudiants étrangers après avoir prouvé à la commission européenne que le trop grand nombre d'étudiants français faisait diminuer la qualité pédagogique.
Et donc, depuis 2006, seuls 30% d'étrangers sont acceptés en Belgique.
Alors comment choisir qui reste et qui part ? Par un concours ? Comme vous devez vous en être rendu compte, un concours, c'est quand même assez aléatoire: ça dépend de votre état du moment, des infos que vous avez eues ou non, de la vitesse de pousse des pissenlits et de la position de la lune.
Alors la Belgique a choisi une tactique neutre, rapide et... rageante: le tirage au sort !

Et la France, dans tout ça ? me direz-vous, pourquoi ne reverrait-elle pas à la hausse son numérus closus ? Après tout, elle est en pleine pénurie, non ?
Je vais donc vous parler de notre cher copain le numerus closus... Ce brave petit a vu le jour en 1987 pour des raisons économiques à savoir diminuer le trou de la sécu. L'idée, c'était qu'en diminuant l'offre de soins, on diminuerait les dépenses de santé. Le hic dans l'histoire, c'est qu'on s'est rendu compte que les besoins en ortho ont continué de croître (ah les petits saligots !). Et aujourd'hui, on est dans une situation, comment dire ?... scabreuse !
Mais attendez, les réjouissances sont loin d'être terminées car figurez-vous que vers 2010, les orthos vont partir massivement en retraite...
Donc vous vous doutez bien que du côté de la FNO, on se bat pour faire avancer les choses ! Et ça bouge petit à petit avec la création de nouveaux centres de formation... mais on est loin du compte !
Et puis il y a un autre problème que les Belges connaissent déjà, à savoir les terrains de stages trop peu nombreux: en effet, c'est pas toujours évident de trouver des orthos en libéral qui acceptent d'accueillir bénévolement des étudiants en stage et qui soient formés pour ça.

On a pas mal parlé de la Belgique et de la France, mais chez les autres, ça se passe comment ?

Eh bien, déjà, je vais tordre le cou à certains préjugés que j'avais encore ce matin: ne vous imaginez pas qu'en Europe de l'Est, ils sont mal barrés !
En Pologne, par exemple, il faut se farcir 7 ans d'études pour être ortho, c'est-à-dire avoir un doctorat soit le niveau au-dessus du master qu'on cherche désespérément à obtenir...

Et pour ceux qui voudraient vraiment s'expatrier en quittant le territoire européen, sachez qu'il y a là encore beaucoup de possibilités !

Parlons d'abord de nos chers copains à la feuille morte.
Au Canada, réjouissez-vous, il n'y a pas de commission de reconnaissance des diplômes, tout simplement parce que contrairement à nous, ce n'est pas le ministère de la santé qui s'en occupe. Non, là-bas, il faut s'adresser à la corporation (le syndic') pour pouvoir travailler, avec évidemment un certificat de travail et un visa... et seulement après avoir rempli ces conditions, vous aurez le droit de travailler... sous le contrôle d'un ortho ! Eh oui, memzelles messieurs, on a fait le coup à la Belgique alors fallait bien que les Canadiens nous copitent (quel manque de style !) en estimant que notre formation est incomplète.
Mais figurez-vous que le Québec (attention, ne leur dites pas qu'ils sont Canadiens !), s'apprête à fêter son anniversaire, ce qui favorisera certainement nos relations avec eux (bah oui ils nous en doivent une quand même !). En tous cas, la reconnaissance bilatérale des diplômes est déjà en cours de discussion.
Mais ne vous réjouissez pas trop vite (je vous avais prévenus pour les "mais") car si un pays reconnaît un diplôme européen comme étant équivalent au sien, en théorie, cela signifie que ce pays reconnaît les diplômes de tous les pays européens ! Et ça, c'est pas forcément intéressant pour tout le monde...

Saga Africa ambiance secousse !


En Afrique, là, ya pas de problème ! Ya un max de demande pour pratiquement aucune offre ! Et en plus, c'est une zone de non droit, c'est-à-dire qu'il n'y a aucune législation, rien, que dalle, niet ! Donc on s'installe où on veut, comme on veut (si vous voulez vous installer dans une case, pensez à arrêter de fumer - petite dédicace à mon cousin de 8 piges qui croyait que c'était pour ça que mon père avait arrêté la clope quand on a emménagé en Afrique)... et avec les tarifs qu'on veut !

 

LES ORTHOS DANS L'HUMANITAIRE

Certains pays ont beaucoup de demande en soins ortho et peu d'offre, comme en Afrique. De ce fait, beaucoup d'associations ont fait appel aux orthos, essentiellement pour des enfants handicapés.

Mais faire de l'humanitaire ne s'improvise pas : les orthos n'étaient pas formés pour et n'avaient pas le matériel adapté. Par exemple, en Afrique, les différences culturelles influent sur le travail des orthos : allez montrer un imagier avec un aspirateur à un petit Africain perdu au fin fond de la cambrousse...

Il a donc fallu faire changer tout ça et le 6 décembre 1992 est née l'association "Orthophonistes Du Monde". Le principe ? Respecter la culture du payx et ne pas faire d'interventionnisme (on n'intervient que sur demande); le but final étant de permettre aux pays de se suffire à eux mêmes en leur apportant une formation et de l'expérience.

ODM ne vit que grâce aux cotisations de ses adhérents (400 personnes à ce jour, qui versent chacune 50 euros de cotisations annuelles). Cette association n'envoie pas d'étudiants -ce n'est pas sa vocation- mais il existe des associations étudiantes pour ça.

Voici donc quelques exemples de missions humanitaires, pour vous donner une idée...



Au Liban


ODM a organisé la formation d'ortho libanais en aidant à la mise en place des textes réglementaires, et des orthos de Tours et de Toulouse sont partis compléter la formation. Dans quelques années, le Liban se suffira à lui-même.
Pourtant, un problème est rapidement apparu: au lieu de travailler dans les instituts pour enfants victime de la guerre, etc., les orthos formés se sont installés dans les quartiers riches, privant les plus défavorisés de soins orthophoniques.
Un "contrat moral" a donc été mis en place: les étudiants s'engagent à travailler pour un temps déterminé dans ces instituts après avoir décroché leur diplôme.

 



En Afrique

La première formation d'orthophonistes en Afrique a été mise en place au Togo et en 2006, ont été délivrés les premiers diplômes. 20 places ont été prévues: 10 pour les étudiants togolais et 10 pour les étudiants des pays environnants. Mais ces dernières places sont restées vacantes car les étudiants n'ont pas pu obtenir de bourse.

L'humanitaire rencontre beaucoup de problèmes en Afrique: pour rééduquer les sourds, par exemple, il faut récupérer des prothèses auditives, des audiomètres, etc. ce qui n'est déjà pas évident, mais en plus, une grande partie du matériel envoyé de France est volé avant d'arriver à destination (allez savoir ce qu'ils ont l'intention de faire avec des audiomètres...)

Attention, ne croyez pas que c'est du tourisme: on exige de l'expérience ! L'association a rencontré pas mal de problèmes avec de jeunes ortho qui étaient venus tout feu tout flamme... sauf qu'au fin fond de la savane, ya pas grand chose à faire et on ne peut pas sortir seul. Et pouf, des dépressifs à rapatrier en vitesse !
Et puis ne croyez pas qu'on est hébergé au Mercure du coin: on est logé chez l'habitant ! Un jour, une brave madame s'était pointée en talons aiguilles, avec sa petite trousse à maquillage, et était revenue se plaindre à l'association des conditions d'hébergement !


Aux Philippines

Là-bas, on s'occupe surtout de fentes palatines.
Le pays n'étant pas francophone, les orthos sont assistés de traducteurs et font travailler les artisans locaux pour créer leurs outils de rééducation.

 

 




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