Pathognomonique

2/8/2010
10 commentaires

Un petit ajout pour les étudiants (un petit chouille trop technique pour les candidats, et pas vraiment utile à leur niveau).

Je me souviens, en deuxième année, quand on m’a parlé pour la première fois des différents types d’aphasies et qu’on m’a bombardée de listes de symptômes, j’ai complètement coulé.

Et en 3ème année, j’ai découvert un nouveau mot : pathognomonique. Oui, il est pas très beau, c’est vrai, mais qu’est-ce que je l’aime celui-là ! Si on vous dit un jour qu’un symptôme est pathognomonique d’une maladie, comprenez par là que si vous voyez ce symptôme alors ça signifiera sans le moindre doute qu’il s’agit d’une certaine maladie et pas d’une autre. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les symptômes pathognomoniques ne sont pas si nombreux : par exemple, un mal de tête peut signifier tout un tas de choses, mais le bouton de la rougeole lui, est sans équivoque : s’il apparaît, alors vous avez forcément la rougeole. Ce qui est fantastique avec l’aphasie, c’est qu’il y a des symptômes pathognomoniques qui vous permettent de savoir sans le moindre doute à quelle aphasie vous avez affaire.

- si vous êtes en présence de troubles arthriques (trouble au niveau de la sélection des traits pertinents de phonèmes) en présence d’autres troubles, c’est une aphasie de Broca (je précise « en présence d’autres troubles » car sinon, ce peut être une anarthrie pure)

- s'il y a un agrammatisme (simplification des structures morphsyntaxiques), c'est obligatoirement une aphasie de Broca

- s’il y a un jargon (beaucoup de paraphasies – qu’elles soient phonologiques ou sémantiques-, une excitation de l’humeur et éventuellement une logorrhée) alors c’est une aphasie de Wernicke

- s’il y a une agnosie auditive (trouble de la perception des phonèmes : le patient a l’impression d’entendre une langue étrangère), c’est forcément une aphasie de Wernicke

Attention, les paraphasies, qu’elles soient sémantiques ou phonologiques, existent dans tous les types d’aphasies : ne pensez pas qu’il y en a de spécifique à l’aphasie de Broca ou à l’aphasie de Wernicke. En revanche, quand elles sont extrêmement nombreuses, on parlera de jargon et alors, ce sera forcément une aphasie de Wernicke.

Attention aussi au fait que pathognomonique ne signifie pas que le symptôme doit obligatoirement apparaître pour qu'on puisse dire qu'il y a telle maladie, mais s'il apparaît, alors on est sûr que c'est une certaine maladie : par exemple, l'agrammatisme signifie que c'est forcément une aphasie de Broca et rien d'autre, mais on peut voir une aphasie de Broca sans agrammatisme.

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Commentaires :

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  • Marlène dit :
    15/9/2010 à 12h 12min

    D'accord, merci pour le conseil et pour ta réponse! J'attends donc avec impatience ton article.

  • Futurortho dit :
    10/9/2010 à 12h 12min

    Ben écoute, ça tombe bien que tu t'y intéresses, je suis en train de faire un article dessus, je ne devrais plus tarder à le publier. Mais si tu veux jeter un oeil, je te conseille de t'intéresser d'abord à l'aphasie de Broca et à l'aphasie de Wernicke qui sont un peu les tableaux de référence, et éventuellement l'aphasie de conduction qui donne un tableau assez particulier et repérable. Il y a plusieurs classifications des aphasies : 4 profs différents, 4 façons de voir les choses... vas-y pour t'y retrouver lol ! Donc difficile de te dire combien il y a d'aphasies...

  • Marlène dit :
    10/9/2010 à 12h 12min

    Ah non, nous n'avons pas vu grand chose sur le sujet en première année! C'est juste de mon côté, j'ai lu quelque fois des articles en rapport avec un type d'aphasie ou l'autre, et je n'ai jamais trop fait la différence. Ceci dit les cours de neuro sur l'aphasie commencent dès la semaine prochaine à Amiens! Par contre en 1A nous avons parlé de l'aphasie transcorticale motrice. Tu sais combien il existe de types d'aphasie?

  • Futurortho dit :
    09/9/2010 à 12h 12min

    Tu as déjà vu les aphasies en 1ère année ?? Waaah ça commence fort dans ton école ! A Nancy, on attend la fin de la 2e année pour évoquer le sujet et on passe aux choses sérieuses uniquement en 3e année ! Bon courage pour le morceau !

  • Marlène dit :
    08/9/2010 à 12h 12min

    Un grand merci, je passe en deuxième année et je sens que ça va bien me servir, parce que pour l'instant les différents types d'aphasies ça me parait un peu brouillon :)

  • Solo dit :
    09/8/2010 à 12h 12min

    En ce qui concerne l'écrit c'est cata je n'arrive pas à écrire... :) et c'est pas vraiment les bons mots....En ce qui concerne la police en crise j'évite la voiture et même des fois sans migraine car des fois j'ai de l'aura (symptômes qui accompagnent la migraine) sans que la crise migraineuse ne se déclare... et oui on pourrait me dire alcoolique ...Et le neurologue ne peut rien faire c'est là c'est là et puis voilà il m'a rien dit de plus ...en même temps je peux pas lui en vouloire c'est un peu particulier mais bon...merci de tes réponses en tout cas

  • Futurortho dit :
    06/8/2010 à 12h 12min

    Un prof de neuro avait mentionné le fait que les migraineux pouvaient passer par des périodes d'aphasies mais il ne s'est pas étendu sur le sujet. Quant à l'ortho qui nous a fait le cours, elle n'a pas parlé de ce cas particulier... Je ne sais pas si une prise en charge orthophonique pourrait t'être utile étant donné qu'elle consiste non pas à restaurer des fonctions mais plutôt à les compenser en réorganisant les "circuits" (ce qui est un travail au long cours...). Or, ces fonctions se restaurent d'elles-mêmes chez toi. Une prise en charge ortho ne peut se faire que s'il y a aphasie, c'est inutile si tu n'en présentes pas sur le moment, et il te sera très difficile d'avoir un rendez-vous avec un ortho dans de si brefs délais. Je pense que la solution se trouve plutôt du côté des neurologues puisque ce sont surtout eux qui s'occupent des migraines. Ceci dit, à te lire, on dirait que la compréhension n'est pas touchée, c'est déjà ça... et qu'en est-il de l'expression écrite ? Si elle est conservée, ça pourrait compenser temporairement la perte de l'expression orale. Il pourrait aussi être utile de faire remplir un certificat par un neurologue expliquant ta situation, non pas pour les désagréments en cours (quoique s'il y a des profs prise de chou...) mais plutôt si jamais tu fais l'objet d'un contrôle de police : on m'a raconté des mésaventures de patients aphasiques qu'on prenait pour alcooliques =S (ça me paraît peu probable vu ce que tu me décris - je suppose que ce genre de mésaventures arrive surtout en cas de paraphasies phonologiques- mais on ne sait jamais). Dans le doute, contacte quand même un orthophoniste : je ne suis pas diplômée et je n'ai qu'une toute petite expérience en ce qui concerne les patients neuro...

  • solo dit :
    06/8/2010 à 12h 12min

    En faite si je te demande ça c'est car je suis migraineuse...et en crise je fais de l'aphasie ...et une fois la crise passée je mets un à trois jours à récupérer mes mots corréctement mais quand la crise migraineuse est passée je me rends compte que j'ai un problème de langage....alors que sur le moment pas du tout ....et avant que la crise se déclare aphasie aussi mais pareil j'en suis pas consciente...penses-tu qu'il est possible de faire quelque chose ? Orthophonie ou autre pour éviter qu'après la crise ça s'installe ?! des fois ça reste une semaine ...je n'emets que des sons sans sens ou sinon j'utilise des mots pour d'autres...je disais (d'après ma mère..)je veux un bain...pour... j'ai soif j'aimerais un verre d'eau....ou je peux avoir la télécommande...mon frère me tend le programme télé ...Et moi je m'énervais car je voulais la télécommande...et personne me comprennait...bon ça c'est anodin mais quand tu es vraiment mal et que tu demandes à ton prof de sortir de cours et que toute ta classe te regarde étrangement et qu'au final on te prend pour une folle c'est un peu nul...OU quand tu veux dire au médecin j'ai mal à la tête et c'est pas digestif au début ça à été un peu galère...pour trouver que tout vennait de la migraine mais je pouvais pas leur dire visiblement...

  • Futurortho dit :
    05/8/2010 à 12h 12min

    Oui, c'est vrai que j'aurais quand même dû le préciser (je compte faire un article là-dessus, ceci dit, mais pas tout de suite). En gros (très gros), il y a les aphasies fluentes et les aphasies non fluentes. Dans les aphasies non fluentes (Broca), le patient a de gros manques du mot (il veut dire quelque chose mais n'y parvient pas), ce qui peut aller jusqu'au mutisme (il n'arrive à prononcer aucun son, et quand on parvient à le sortir de là, il peut se retrouver avec une stéréotypie : il dit toujours la même chose en croyant parler normalement ; ce trouble est considéré comme une urgence en orthophonie : il faut absolument empêcher le patient de prononcer sa stéréotypie sinon elle restera à vie). Dans les aphasies fluentes (Wernicke), au contraire, le patient parle (beaucoup...) mais ce qu'il dit n'a aucun sens, ou très peu. Il fait de nombreuses paraphasies, c'est-à-dire qu'il transforme les mots. Il y a deux types de paraphasies : phonologiques (les sons sont remplacés par d'autres : par exemple, il dit "tomite" pour "tomate", mais cela peut aller jusqu'au néologisme, c'est-à-dire qu'il y a tellement de transformations que l'on ne reconnaît pas le mot) et sémantiques (un mot est remplacé par un autre, mais ça n'a pas de sens dans la phrase, même si le mot peut avoir un lien avec le mot cible : par exemple, il dit "chat" pour "chien"). Il y a des paraphasies aussi dans l'aphasie de Broca mais dans l'aphasie de Wernicke, il y en a énormément (on parle de jargon). A cela s'ajoutent des troubles de compréhension et du langage écrit (expression écrite et lecture). La prise en charge est d'autant plus difficile lorsqu'il y a une anosognosie, c'est-à-dire lorsque le patient n'est pas conscient de son trouble : il est convaincu de parler normalement. La prise en charge est sérieusement lésée dans ce cas de figure et il est urgent de lui faire comprendre la situation, mais en douceur : les enregistrements, par exemple, sont une très mauvaise idée car la prise de conscience est alors très brutale et le patient peut extrêmement mal le vivre (dépression, automutilation, tentative de suicide...). Je compte faire un topo plus complet sur l'aphasie, mais étant donné que c'est un très gros morceau, pas franchement évident à assimiler et à résumer (la neuro et moi...), j'attends d'être vraiment dans le coup.

  • solo dit :
    05/8/2010 à 12h 12min

    je ne suis pas en ortho mais je voulais te demander par curiosité la différence entre ces deux aphasies ? Merci...




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