Les enfants adoptés

20/11/2009

Je rentre d'une conférence qui portait sur le développement du langage chez les enfants adoptés où, entre autres, était posée la question de savoir s'il fallait conserver la langue d'origine de l'enfant adopté.

Mes cours d'ortho m'avait déjà appris que pour que le biliguisme soit mis en place correctement, il fallait impérativement que le modèle de chaque langue soit parfait, c'est-à-dire que si l'on voulait que l'enfant parle Anglais et Français (par exemple), il fallait que la personne qui lui parlait en Anglais ait un Anglais parfait et la personne parlant Français ait un Français parfait afin que l'enfant apprenne chaque langue dans les meilleures conditions. 
En parlant de ça, d'ailleurs, fait surprenant : dans les immigrés, ce sont les enfants de milieux socio-culturels défavorisés qui s'en sortent le mieux, et non ceux de milieux favorisés. Cela s'explique par le fait que dans les milieux favorisés, les parents ont appris à l'école la langue du 2ème pays, et ils apprennent donc eux-mêmes à leurs enfants à parler cette langue. En revanche, dans les milieux socio-culturels défavorisés, les parents ne connaissent généralement pas la langue du 2ème pays et les enfants parlent donc leur langue maternelle à la maison, et apprennent à l'école la langue du 2ème pays.
Ce qui nous amène à la deuxième règle pour que le bilinguisme se mette en place correctement : il ne faut pas faire de mélange, c'est-à-dire que soit chaque parent parle une seule langue à l'enfant (c'est le cas des couples mixtes: chaque parent utilise sa langue d'origine quand il s'adresse à l'enfant)  , soit on associe chaque langue à un endroit (c'est le cas des familles immigrées : la langue d'origine à la maison et la 2ème langue à l'école).

Mais revenons aux enfants adoptés d'origine étrangère. Figurez-vous qu'il n'est pas conseillé de conserver la première langue (sauf dans les premiers moments de communication) : il faut rapidement passer à la langue maternelle seconde. D'ailleurs, généralement, l'enfant adopté l'acquiert assez rapidement, même s'il a été adopté alors qu'il était déjà grand (en revanche, l'âge va jouer sur l'accent : l'enfant ne pourra pas passer pour un natif s'il est mis en contact avec la deuxième langue à partir de 7-8 ans) : il lui faudra 6 mois à 1 ou 2 ans pour avoir un niveau normal. Pourtant, l'enfant qui n'a pas eu à changer de langue met 4 ans, me direz-vous. Oui, mais on sait que le développement de la langue maternelle seconde se fait sur la base de la langue maternelle primaire, et donc ça met moins de temps.
Bon, décidément, qu'est-ce que je m'écarte du premier questionnement ! J'y reviens, j'y reviens ! Contrairement à ce que l'on pourrait penser, un enfant adopté n'a pas forcément envie de garder sa langue maternelle primaire. En fait, beaucoup ne veulent plus l'entendre. Un enfant adopté n'a pas forcément envie non plus de retourner dans son pays d'origine : certains veulent oublier la culture maternelle primaire pour la remplacer complètement par la secondaire.
D'ailleurs, l'oubli de la langue maternelle primaire est un grand facteur d'intégration.
Quant à l'apprentissage de la langue maternelle primaire au collège, il ne faut pas non plus l'imposer à l'enfant : il peut y avoir un conflit interne dans le fait d'apprendre sa langue maternelle primaire comme une langue étrangère.

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