Stage en libéral : compte-rendu du premier jour

6/7/2009
2 commentaires

Aujourd'hui, rendez-vous à 14h avec une ortho (oui, "une", ça me change) qui travaille en libéral. Ma foi, le style est bien différent de celui auquel je m'étais accoutumée : "ah non, tu vas pas m'appeller "madame", hein !". Bon.. bah... euh... ok. L'ortho est très speed et ce n'est pas pour me déplaire, vu que c'est aussi mon tempérament : pour une fois, je n'ai pas l'impression d'être un extra-terrestre échappé de son asile intergalactique. Après 5 min de briefing sur les patients de l'après-midi (pas de suspense, je sais exactement ce qui m'attend... eh oh, c'est les vacances, hein !), elle me propose d'organiser mes notes dans un tableau : je dois identifier les objectifs de la séance, les moyens employés pour y parvenir (quel type d'activité, quelles aides, quelles adaptations...) et avoir une vision du déroulement de la séance (est-ce que ça a fonctionné, comment s'en est sorti le patient, était-ce adapté, que fait-on à la prochaine séance...). L'idée est qu'ensuite, nous en parlions ensemble. Au cours des séances, je me rends compte que l'ortho elle-même utilise ce tableau et qu'elle le range dans le dossier du patient. Elle m'explique d'ailleurs que, si je mène bien ma barque, je dois savoir exactement où j'en suis dans la rééducation, savoir quel point précis je travaille et pourquoi.

Cette après-midi est finalement assez calme puisqu'un patient dont la séance devait durer une heure et demie annule à la dernière minute... sympa... L'ortho en profite donc pour faire sa compta tandis que je jette un oeil aux bilans de ses patients, mais elle se perd dans sa paperasse et je finis par proposer de l'aider. L'heure qui suit me rend totalement pessimiste sur la façon dont je gèrerai mon cabinet : ouh que c'est l'horreur, la compta ! Mais c'est intéressant, et ça me donne une idée de ce qui m'attend : après tout, les stages, c'est fait pour ça aussi.

Nous profitons de ce temps pour discuter des patients. Et ce qu'elle me raconte, je l'ai déjà entendu chez mes maîtres de stage précédents, à l'autre bout de la France : c'est donc bien une mentalité franchouillarde. Mais pas de quoiêtre fier ! La mentalité dont je parle, c'est cet individualisme puant (oui je pèse mes mots) qui semble atteindre une bonne part de la population. L'exemple du patient qui annule la séance à la dernière minute est loin d'être unique. D'ailleurs, ça, c'est un patient à peu près potable, parce qu'il y en a pas mal qui se permettent carrément de ne pas prévenir. Ras-le-bol de ces gens qui prennent les autres pour leurs larbins : ah bah ça m'embête de venir aujourd'hui, ben tant pis, qu'est-ce que ça peut foutre, hein ? Après tout, je fais comme ça m'arrange !  Bah oui, respecter les autres, vous comprenez, c'est fatigant ! ce n'est pas qu'ils ne s'imaginent pas qu'on a une vie, nous aussi, c'est qu'ils s'en foutent. L'ortho m'a même prévenue : si je ne veux pas me faire avoir, j'ai intérêt à savoir m'imposer car il y a des patients qui estiment qu'on doit être à leur disposition et qui exigent, par exemple, des rééducations en-dehors des horaires normaux ou alors qu'on les prenne en charge en priorité parce que, vous comprenez, ils ont un médecin dans la famille...

Parlons-en de la famille, d'ailleurs. Vous pouvez vous décarcasser au maximum pour votre patient mais si la famille ne suit pas, ça peut vous bousiller toute la rééducation. Il y en a même qui se définissent grâce à la pathologie d'un membre de leur famille. C'est le cas, par exemple, de la mère d'un traumatisé crânien qui surprotège tellement son fils qu'inconsciemment, elle nuit à la rééducation. Et si on y regarde de plus près, on se rend compte que, finalement, elle se sentirait totalement inutile si son fils n'avait pas besoin d'elle. Bon, il ne faut pas être archi négatif : il y en a aussi qui gèrent très bien.

L'orthophonie touche toutes les couches de la population et, parfois, on voit des choses complètement folles, comme ce petit garçon que j'ai vu aujourd'hui : son père - Français- est allé en Russie pour acheter sa mère et la ramener en France ; maintenant, il est tout surpris que sa femme veuille divorcer. Mais ne croyez pas que cette situation est exceptionnelle : au contraire, c'est monnaie courante ! Et il n'y a pas que les Russes : il y a aussi les Vietnamiennes, les Chinoises... Ce n'est ni plus ni mois que de la traite d'êtres humains...

Il est beau ce métier, mais qu'est-ce qu'il peut être frustrant, parfois ! Parce que je peux vous dire qu'il arrive un moment où on a vraiment envie de distribuer des claques ! Vous l'aurez remarqué, je suis arrivée à l'un de ces moments...

Bon, allez, je ne vais pas terminer par ça, c'est pas très gai. Je vais donc vous présenter "bonbon/bouton" que j'ai découvert aujourd'hui. C'est un système de notation pour les petits, qui peut être adapté à toutes les activités. Le principe est simple : on dessine le visage d'une sorcière et, à côté, un sac. Quand l'enfant répond correctement, il dessine un bonbon dans le sac, mais quand il se trompe, il doit ajouter un bouton sur le visage de la sorcière.

Enfin, voici ce que j'ai ajouté à ma liste de courses :

Livres

Troubles du langage. Bases théoriques, diagnostic et rééducation., aux éditions Mardaga                               J'ai vu ce livre chez tous mes maîtres de stage, je suppose donc qu'il vaut le coup. L'ortho m'a dit qu'elle avait bossé un an à l'étranger et que c'était le seul livre qu'elle avait emporté parce qu'il était archi complet. Bref, je vais investir, même si ça m'a l'air d'être un sacré pavé assez indigeste.

Troubles de l'articulation, de Georges Rineau                                                                                                                 Ce sont de petits carnets bleus (il me semble qu'il y a trois tomes) que j'ai aussi vus chez tous les orthos. Ils sont assez vieux et je crois que je vais avoir du mal à me les procurer, mais ils sont très intéressants car ils donnent des listes de mots utiles pour tout un tas de rééducations.

Matériel

Super Simon, de MB jeux                                                                                                                                                     Le principe est de mémoriser une séquence de sons et de lumières produite par un appareil, et de la reproduire. Très bien pour les patients adultes qui ont des problèmes d'encodage.

Lexidata                                                                                                                                                                                    Apparemment, c'était très à la mode chez les instits et les orthos il y a quelques années. Ce jeu éducatif permet de travailler les compétences phonologiques tout en laissant l'enfant s'autocorriger grâce à un appareil.

L'imagier phonétique, chez Ortho Editions                                                                                                                       Des cartes avec des images : un imagier, quoi. Mais très bien fait.                                                                                                                   

 

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Commentaires :

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  • Futurortho dit :
    10/7/2009 à 12h 12min

    Bonjour ! Merci du tuyau pour la librairie : enfin des bouquins utiles qui ne sont pas périmés (j'avais demandé au prof de phoniatrie une bibliographie pour l'anatomie : les 5 qu'il m'a conseillés n'étais plus édités depuis 20 ans !). Bon, maintenant, reste à aller les chercher, lol. La prof en avait effectivement parlé mais sur le coup, ça ne m'avait pas convaincue. A la prochaine !

  • Néni dit :
    09/7/2009 à 12h 12min

    hello! alors pour le petit livre bleu (il en existe aussi un vert et un jaune) de Georges Rineau, tu peux les avoir sur le site de "Mot à mot" c'est une boutique spéciale orthophoniste. Il existe deux boutiques "Mot à mot" en France, une à Paris et une à Lyon. Tu peux te les procurer sans aucun problème. J'étais à Paris la semaine dernière et je les ai achetés (6 euros le bleu, 11 le vert et 9 le jaune il me semble). Le jaune n'est pas vraiment indispensable. C'est la prof de troubles de l'articulation de 1ère année qui nous les a conseillé à Nancy (tu l'as eu aussi en +!). Elle a peut-être oublié de vous le dire. Biz byebye




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