Stage condensé libre : compte-rendu du 4e jour

22/6/2009

 

Ce matin, je retrouve la jeune femme IMC rencontrée au cours de ma première journée de stage. Cette fois-ci, on travaille les praxies bucco-faciales et… c’est bibi qui s’y colle. Sauf que là, il faut que j’amène la patiente à une détente (alors qu’on ne m’a parlé que de travailler le tonus, et donc l’inverse) : le maître de stage me fait remarquer que si on contracte un muscle et qu’on le relâche, on arrive à une détente… finalement, la méthode ne change pas. Je tente donc de faire gonfler les joues de ma patiente, sans succès : les lèvres sont contractées à l’extrême et bougent dans tous les sens. L’ortho me propose de tenter des massages du visage : sur le principe, ça ne me pose pas trop de problèmes (quoique je ne sois pas non plus extrêmement à l’aise à l’idée de tripoter le visage des gens que je ne connais pas…), mais pour la méthode, euh… Donc je tâtonne, au sens propre comme au figuré,  pour aboutir à… que dalle. En plus, la présence de l’ortho me bloque complètement et les rares fois où j’arrive à l’oublier, ma patiente cherche son regard, lui sourit… bref, impossible de me concentrer avec cette fichue voix qui chante dans ma tête (oui, je suis Jeanne d’Arc) « tu va te planter comme une meeeerdeuh, nananananèèèreuh ! » (je soupçonne d’ailleurs cette voix de présenter une mue faussée, faudra que je fasse un bilan). La deuxième partie de la rééducation consiste à travailler la différenciation souffle buccal – souffle nasal. Je me rends compte que le cours que j’ai eu en première année n’est pas trop trop loin : pour aider à les différencier, on s’appuie sur le fait que le souffle buccal est froid tandis que le souffle nasal est chaud. Je propose donc à ma patiente de souffler avec son nez puis sa bouche sur sa main. Le couac dans cette histoire, c’est que la patiente n’a pas plus de contrôle de sa main qu’elle n’en a de sa bouche… Dans ce cas de figure, c’est système D : j’essaie en lui mettant ma main devant la bouche, en lui prenant la main, en soufflant moi-même sur sa main… vive la galère ! En plus, elle a beaucoup de mal à tenir son souffle : en général, elle souffle d’un coup. Je tente donc de l’amener à prendre une grande inspiration et lui demande, entre autres, de gonfler son ventre… mais au lieu de ça, elle l’avance.  Résultat des courses : j’ai le moral dans les chaussettes alors que la journée vient à peine de commencer. En tous cas, je crois que j’ai saisi le message : non, les praxies, c’est pas aussi facile que ça en a l’air (j’en veux un petit peu à l’école, pour le coup, parce que se limiter à nous filer une liste...bah oui, mais dans la pratique, ta liste, tu peux te la carrer où tu veux).

Je parie qu’il y en a qui se sont amusés à souffler sur leur main, pour vérifier cette histoire de souffles…

Je retrouve ensuite le deuxième patient IMC avec son trouble d’articulation et dès le départ, l’ortho lui annonce que c’est moi qui vais mener la séance (ah bon ?). Panique à bord : mais je fais quoi, moi ?? Pendant que l’ortho discute avec le patient (béni soit-il, ça me laisse du temps), je cherche désespérément l’inspiration…. Pour être tout à fait honnête, je n’ai strictement aucune idée de ce que je vais bien pouvoir faire. J’ai bien eu le cours sur le trouble de l’articulation, et même que je l’ai appris, mais petit détail : on n’a abordé ce problème que pour les enfants. Oui, bon, ok, on peut adapter.  Autre détail : je n’ai aucun matériel. Je ne dis pas qu’il m’en faut absolument mais ça aide un peu, quand même, surtout quand on n’a que deux minutes pour improviser toute une séance de rééducation. Je pourrais bien refaire ce que l’ortho a fait la semaine précédente, mais j’ai un peu peur que ce soit mal perçu… Ben non, il me dit de le faire ! Ouf ! Je découvre par la même occasion que cette histoire de détente fonctionne parfaitement : j’avais tout contracté et là, ben c’est tout détendu, dites-donc ! J’attaque donc par de la répétition : je demande au patient de répéter des mots comportant le son « ch » en veillant à ce qu’il n’y ait pas d’autres phonèmes problématiques dans le même mot. Pour les premiers mots, tout va bien, mais je finis rapidement en panne d’inspiration : hallelujah, le maître de stage a la bonté de me sortir de là en proposant que nous intervenions chacun notre tour. C’est ensuite au patient de trouver une dizaine de mots contenant le son « ch » : à chaque fois, on lui demande s’il estime l’avoir prononcé correctement ou non et on lui donne notre avis. Le petit problème, c’est que je n’ai pas toujours le même point de vue que l’ortho et quand il me demande de tout gérer toute seule, je suis un peu perdue sur ce que je dois attendre du patient (faut-il être exigeant ?).

La patiente suivante est celle atteinte d’une SEP, avec laquelle j’ai réalisé ma première rééducation des praxies. Petite angoisse sur le coup : pitié, pitié, pas les praxies. Surtout qu’avec cette patiente, je suis totalement perdue sur la façon de m’y prendre. Heureusement, l’ortho prend les choses en main : il demande à la patiente d’alterner des /m/ et des /n/ en faisant attention à la position de sa langue (qui a tendance à sortir de la bouche) puis me passe le relais. Comme la patiente a tendance à contracter excessivement ses muscles, je lui propose de faire cet exercice en murmurant, pour diminuer la tension. Le résultat n’est pas très convaincant, et je lui propose donc de chuchoter : je percute que ce n’est pas franchement stratégique puisque ça assourdit les phonèmes et qu’ils se transforment donc en /p/ et en /t/… c’est plus trop l’exercice prévu. Mais l’ortho enchaîne avec ces phonèmes : il propose à la patiente d’alterner les son /pi/ et /ti/ en allant de plus en plus vite : la patiente a énormément de difficultés, ses mouvements sont très saccadés. Mon maître de stage lui demande alors de poser sa main sur la sienne pendant qu’elle fait l’exercice : le but est de contrer l’effet des syncinésies (cf lexique) car à chaque fois que la patiente contracte les muscles buccaux, elle contracte également la main. Effectivement, le simple fait de poser sa main sur celle de l’ortho atténue ce problème et, ainsi, facilite le travail des praxies buccales.

Nous passons ensuite à un patient atteint de Parkinson auquel l’orthophoniste fait travailler la voix projetée : le patient parle en effet tout bas (hypophonie) et mon maître de stage voudrait donc améliorer l’intensité de sa voix. La première étape est le travail du souffle : l’orthophoniste demande au patient de se coucher pour qu’il puisse sentir la respiration basse (« par le ventre »). Il lui demande ensuite de faire des vocalises de plus en plus fortes (chose qui n’est pas franchement évidente pour le patient) en essayant de supprimer les saccades. Enfin, il lui demande de compter de plus en plus vite et de plus en plus fort : après de nombreux essais infructueux, le patient se met soudainement à crier, à tel point que je manque de tomber de ma chaise…

Enfin, nous nous rendons chez une vieille dame qui a subi un AVC. L’orthophoniste lui montre des images représentant chacune une histoire. Toutefois, il n’y a que les contours des personnages (par exemple, on ne voit pas les expressions faciales) et des objets et il manque un élément important pour l’interprétation de l’histoire. L’ortho demande à la patiente de trouver 5 scénarios qui pourraient coller à ces images. L’exercice n’est pas toujours évident, et certaines images portent à confusion comme celle où l’on voit un homme tenant vraisemblablement un couteau et des enfants qui courent…. En fait, on découvre qu’il s’agit simplement d’un boucher qui est sorti pour voir une course d’enfants.

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